Palais de justice de Rouyn-Noranda

Le palais de justice de Rouyn-Noranda a été l'un des derniers palais de justice construits en Abitibi dans le cadre de la politique de modernisation des régions par le gouvernement Duplessis. Dessiné par l'architecte abitibien Maurice Girard, le bâtiment, dont le style moderne ne passe pas inaperçu, est particulièrement représentatif de la modernisation de l'architecture publique des années 1950. Unique en raison de son style architectural teinté d’Art déco, il comprenait originalement trois salles d'audience, la salle des jurés, les greffes, deux bureaux de juges visiteurs et un quartier cellulaire au sous-sol avec tous les services nécessaires. Des cellules spéciales pour les détenus en attente de procès étaient logées dans l'appentis au-dessus des salles d'audience de l'étage.

Le bâtiment est constitué d'une structure en béton pour les fondations, les dalles et les linteaux en prévoyant une ossature de remplissage en blocs de cendre. Les cloisons intérieures, originalement composées de lattes et de plâtre, ont aujourd'hui été remplacées par des cloisons sèches modernes. La salle de cour principale possède toujours le revêtement de panneaux de bois au mur alors que la salle des pas perdus et les corridors ont conservé leur revêtement de terrazzo au bas des murs. Le parement extérieur est composé de briques d'argile chamois identiques à celles de l'Université de Montréal dessinée par Ernest Cormier dont l'influence est très présente, principalement dans les élévations principales et latérales. Le soubassement abritant le sous-sol, apparent à l’avant du bâtiment, est recouvert de grandes pierres rectangulaires à bossage gris foncé qui complètent, en quelque sorte, l'ordre traditionnel du mouvement classique souvent réinterprété dans l'essor de l'architecture moderne. De grandes plaques de granite noir soulignent l'entrée principale et son escalier monumental ainsi que les saillies des escaliers d'issue latéraux et certains encadrements sur les façades avant et arrière. Les escaliers latéraux ont été ajoutés en 1995 en respectant de l'architecture traditionnelle du bâtiment et s’harmonisent parfaitement au style architectural original.

La majorité du mobilier intégré et des luminaires des salles d'audience est d'origine. Dessinés par l'architecte au moment de la construction, ils sont les témoins importants de l'architecture d'intérieur d'inspiration Art déco et moderne des années 1950.

Aucun

Plusieurs éléments caractéristiques du palais de justice de Rouyn-Noranda sont liés à ses valeurs architecturales et historiques, notamment :

• sa symbolique qui témoigne de la croissance des régions du Québec avec l'arrivée massive de travailleurs miniers, entraînant la fondation de plusieurs villes d'importance en Abitibi;
• la facture architecturale moderne reprenant certains éléments d’Art déco de ce palais de justice, dont la volumétrie et l'absence de détail, qui est en complète rupture avec le style traditionnel des institutions gouvernementales de l'époque;
• l'utilisation de matériaux modernes comme la brique chamois, le granite poli, l'aluminium en feuille pour les ouvertures et les garde-corps et mains courantes intérieures, le tout contribuant fortement à l'appréciation de cet exemple unique d'architecture régionaliste moderne;
• la volumétrie rectangulaire massive et imposante, dont le corps principal en avant-plan décline de part et d'autre deux volumes de même envergure formant les ailes du palais de justice;
• l'intégration d'éléments architecturaux d'intérieur de très grande qualité, tant de par leur matérialité que de par leur facture singulière, qui sont particulièrement représentatifs de la décoration et de l'aménagement intérieur des années 1950.

DESJARDINS, Gilles. Le droit du Pontiac au Témiscaminque à l'Abitibi, 1840-2002, L'ABC de l'édition, Rouyn-Noranda, 158 pages.

Documents internes de la SQI (plans, iconographies et autres).