Édifice Léon-Casgrain

Le palais de justice de Rivière-du-Loup a été construit entre 1882 et 1883 selon les plans de Pierre Gauvreau, alors architecte au ministère des Travaux publics et qui avait déjà réalisé les palais de justice d'Aylmer (1870), de Percé (1870) et de New Carlisle (1871). L'édifice est érigé sur un terrain appartenant à William Fraser, maire de Fraserville, qui cède gratuitement l'emplacement au gouvernement du Québec. Au printemps 1882, le ministère des Travaux publics demande à l'entrepreneur de récupérer un maximum de matériaux provenant des ruines de l'ancien palais de justice de Kamouraska, incendié en 1881. Ce dernier récupère alors l'ensemble de la maçonnerie du palais en ruine et complète la construction avec la maçonnerie provenant du site de construction.

Ce bâtiment marque un tournant dans la construction des palais de justice québécois. Le plan type de Rubidge est abandonné au profit d'une nouvelle typologie plus régionale. En 1901, l'architecte Elzéar Charest du gouvernement planifie l'ajout d'une annexe de deux étages servant de chambre forte. En 1931, le gouvernement du Québec fait ajouter une aile en briques, comme le corps principal, servant de prison et un logement pour le geôlier. En 1957, un nouvel agrandissement ajoutant des espaces de bureaux pour la magistrature et pour le bureau d'enregistrement est autorisé à l’arrière de l’édifice.

Au tournant des années 1990, des travaux majeurs transforment le palais de justice. Le corps principal du bâtiment sur la rue de la Cour est entièrement réaménagé tout en conservant son caractère historique particulier. Un agrandissement moderne, localisé à l’arrière du palais et connecté à la structure originale, permet de loger cinq salles d'audience, sept bureaux de juge et les greffes. En 2007, l’ancienne prison est réaffectée afin de loger des espaces à bureaux pour le ministère de la Justice. Les transformations opérées dans le palais de justice depuis sa construction ont permis de conserver son allure traditionnelle, ce qui contribue fortement à sa valeur patrimoniale.

Aucun

Les éléments associés à la valeur patrimoniale du palais de justice de Rivière-du-Loup sont les suivants :

• Son importance dans le district judiciaire de Kamouraska, qui a permis à Fraserville (Rivière-du-Loup, 1919) de s'affirmer comme véritable centre économique et administratif régional;
• Son emplacement stratégique dans la ville, à la croisée des rues de la Cour et Deslauriers, face au fleuve Saint-Laurent;
• Son architecture d'inspiration Second empire et classique, qui s'illustre dans un ordonnancement classique tripartite (soubassement, corps principal, couronnement). Celle-ci se traduit par une toiture mansardée en tôle à baguette cuivrée, un appareillage de maçonnerie en briques d'argile et des ornementations en pierre naturelle qui ceinturent les chaines d'angle, les bandeaux, les tablettes et les linteaux des ouvertures;
• Sa volumétrie rectangulaire, dont l'avant-corps central indiquant l'entrée principale est coiffé d'une toiture à pavillon, dégagée par la mansarde plus basse du reste du bâtiment;
• Son registre d'ouvertures qui hiérarchise en fonction de l'avant-corps central, les proportions et les divisions des fenêtres;
• Son aménagement paysager sur un site naturel offrant un promontoire sur la ville de Rivière-du-Loup et son escalier monumental permettant d'accéder à l'entrée principale du palais de justice.

DBARBE, Raoul P. Les palais de justice du Québec. Cowansville (Québec), Éditions Yvon Blais, 2013. 440 pages.

CARTER, Magaret (dir.). Les premiers palais de justice au Canada. Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, 1983. 264 pages.

GIROUX, André. Les palais de justice de la province de Québec de ses origines au début du vingtième siècle, Travail inédit numéro 294. Parc Canada, 1977.