​Édifice Ernest-Cormier

Adresse principale
100, rue Notre-Dame Est, Montréal

Autres noms
Cour d'appel du Québec
Annexe du palais de justice de Montréal

Usage actuel (patrimonial)
Palais de justice (idem)

Années de construction
1920-1922, 1922-1925

Années de restauration majeure
2004-2006

 

Description

L'Édifice Ernest-Cormier est, sans l'ombre d'un doute, l'un des bâtiments les plus importants construits dans la période de l’entre-deux-guerres. Conçu par Ernest Cormier, Louis-Auguste Amos et Charles Jewett Saxe au début des années 1920, le « nouveau palais de justice », complètement incombustible, a remplacé l'ancien palais et son annexe, jugés désuets et dangereux, situés de l'autre côté de la rue Notre-Dame. La volonté de centraliser les services judiciaires dans un petit périmètre contribue à l'implantation du nouveau palais de justice à proximité.

Les documents d'archives démontrent qu'Ernest Cormier, largement conseillé par Jean-Omer Marchand, s'est imposé pour le tracé original du plan ainsi que pour la conception de la façade principale et du grand hall lesquels sont, aux yeux de plusieurs, les plus importantes productions de l'architecte québécois. Cet édifice, construit entre 1922 et 1926, est son premier contrat d'importance depuis son retour d'études de Paris. Peu après son décès, en 1980, son nom sera donné à l'édifice afin de marquer l'importance de cet architecte dans la société québécoise.

En plus d'accueillir les bureaux du premier ministre de 1930 à 1950, plusieurs procès importants ont été entendus dans ces salles d'audience et ont contribué à médiatiser le portique monumental aux larges colonnes solennelles. Ce bâtiment a permis de mettre en relief l'histoire du Québec sur sa façade sereine pendant plusieurs décennies et continue de le faire aujourd'hui avec sa récente réaffectation.

L’imposant nouveau palais de justice est grandiose. Coûtant plus de cinq millions de dollars à la fin de la construction en 1925, le bâtiment de style Beaux-arts accueille à son inauguration des cours de justice avec salles d'audience, des dortoirs pour les jurés, des bureaux de ministres et des locaux pour la police et des cachots pour les prisonniers. Des chambres pour les juges et les avocats de la Couronne ainsi que des bureaux d'enregistrement y sont aussi aménagés. La salle des pas perdus fait toute la largeur de l’édifice. Sobrement décorée par Cormier en réaction à l’excès de ses confrères, l’architecture se doit de traduire une impression d’autorité incontestable à travers ses vastes proportions et son décor austère, en plus de donner une image de transparence d’action que Cormier symbolise avec la lumière provenant des lanterneaux circulaires.

La progression est très importante dans l’ensemble de l’œuvre de Cormier, plus particulièrement dans ce bâtiment. Depuis la rue, l’usager gravit l’escalier pour passer sous l’entablement extérieur et aboutit dans l’exèdre avant de pénétrer dans ce vaste hall qui distribue dans son axe principal, la Cour du Roi par un escalier latéral. Les torchères et les appliques murales réalisées par l’atelier parisien d’Edgar Brandt animent l’arrivée des visiteurs depuis l’exèdre jusqu’aux salles d’audience. Façonnées selon les esquisses de Cormier, elles sont très représentatives du début du mouvement de l’Art déco. L’ensemble des matériaux et des proportions se décline du public au privé. Les plafonds peints du grand hall sont remplacés par des plafonds moulurés dans les espaces de travail des greffiers. Les pierres naturelles sont remplacées par de la pierre de Caen dans les espaces de circulation, les archives et les salles destinées à recevoir le jury.

Statut patrimonial

Municipal
Secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal

Provincial
Site patrimonial de Montréal (arrondissement historique du Vieux-Montréal, 1964-05-09)
Immeuble patrimonial classé (2014-11-13)

Historique des interventions

AnnéeIntervention
2011Rénovation du parvis extérieur
2008Sécurisation du périmètre de la Cour d'appel et réparation des lanterneaux
2007Rejointement des pierres du parvis
2006Réaménagement de la Cour d'appel

Valeur patrimoniale

L'édifice Ernest-Cormier, véritable témoin de l'histoire politique et judiciaire québécoise, dissimule en ses murs de nombreux détails architecturaux d'une qualité exceptionnelle. Cette grande quantité d'éléments significatifs en fait un bâtiment d'exception à protéger, notamment pour :

  • la façade principale donnant sur la rue Notre-Dame, inspirée du mouvement des Beaux-arts où quatorze colonnes créent un portique imposant, dynamisé par un jeu d'ombres et de lumière;
  • l'exèdre monumentale dont l'accès par le grand escalier met en perspective le plafond à caissons merveilleusement réalisé;
  • les gigantesques portes en bronze ornées de six bas-reliefs en bronze dessinés par Cormier illustrant la Vérité, la Justice, le Jugement, le Code criminel, le Pardon et le Châtiment;
  • les lampadaires-torchères en bronze d'inspiration Art déco français de l'exèdre et de la salle des pas perdus, conçus et réalisés par l'artiste européen Edgar Brandt;
  • le projet urbain instauré par la construction du palais de justice avec les considérations du mouvement rationaliste et hygiénique du « City Beautiful » américain;
  • l'organisation spatiale intérieure du grand hall d'entrée, aussi appelé la salle des pas perdus qui occupe pratiquement toute la largeur de l'édifice.

Études et ouvrages de référence

MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC. L'édifice Ernest-Cormier : siège de la Cour d'appel du Québec. Québec, Les Publications du Québec, 2005. 57 pages.

BEAUPRÉ ET MICHAUD, ARCHITECTES. Analyse d'intégration urbaine et patrimoniale de l'annexe du palais de justice, Édifice Ernest-Cormier pour la Société immobilière du Québec, janvier 2001. 43 pages.